Qui est Fanny Batt ?




Née en 1971 à Reims,
après avoir suivi une formation en cinéma audio-visuel
et des études de sociologie et d'anthropologie à Lyon,
Fanny Batt consacre son temps à la peinture
et à différentes formes artistiques. 
 
Elle travaille régulièrement avec des écrivains,
illustre des recueils de poésie et des revues
et anime des ateliers d'arts plastiques.



Flaubert disait dans une lettre à Louise Collet en 1852 :
" J'aime dans la peinture, la peinture;
dans les vers, les vers" 

Ce qui pousse Fanny Batt à peindre ce n’est pas un sujet défini, ni un paysage extérieur.
(et cela ne veut pas dire que celui-ci ne l’intéresse pas), mais plutôt le désir même de peindre, c’est-à-dire ce quelque chose qui s’anime en elle, qui a besoin d’un objet à peindre, mais, n’arrivant pas à trouver quelque chose de défini à saisir, il s’installe dans l’indéfini. Je ne sais quoi peindre, dit-elle, mais je vais peindre. Elle commencera alors par un trait, un détail presque insignifiant, et cela finit par correspondre à cet état indéfini, abstrait qui est en elle. C’est donc bien cette sensation de l’insaisissable, de l’objet rétif ou introuvable qui réagit de cette façon éclatée sur la toile ou sur la feuille. Quelques fois, se dit-elle, à la fin d’une peinture, tous ces détails qui réussissent malgré moi à s’étaler devant moi, étaient là pour chercher à peindre quelque chose qui me manquait, comme si, trait après trait, couleurs après couleurs, rature après rature, je cherchais l’objet, comme si je construisais mon objet au fur et à mesure que je peignais, sachant qu’il me résisterait, puisqu’il est d’une nature fuyante. Quelques peintures portent le titre de « partition » ou de « polyphonie », mais elle aurait pu donner ces titres à tout ce qu’elle peint : ce sont des notes ou des voix qui cherchent à se réunir dans un certain rythme afin de dire quelque chose d’intérieur, elles surgissent dans une logique où seul compte le rythme, dans ses harmonies et ses ruptures. Je parle ici, bien sûr, des motivations qui la poussent à peindre. La peinture dit certainement quelque chose, elle est interprétable, mais quand elle commence, elle n’exprime encore rien, elle commence par exprimer ce qui n’est pas encore exprimable. Aucune idée ne précède, aucun portrait, aucun paysage, mais un état de chose éclaté où manque la perspective, et à qui elle donne comme substitut la complexité des lignes. A sa manière, elle met les traits et 
les couleurs dans un four intérieur et elle attend ce qu’ils deviennent avec le rythme du feu, et quand les ratures interviennent avec sa
main pour remodeler, c’est avec le même feu. La peinture ici est plus proche du détail qu’à l’ensemble. Elle dit la fragmentation. Elle ne narre pas. Elle est plus proche d’un poème que d’un récit. Et le poème ne dit pas seulement « j’aime les couleurs de la vie » mais aussi et surtout« je n’aime pas ceux qui les détruisent ». Cet amour et cette aversion s’expriment dans la tourmente des traits, ils sont peut-être le seul objet établi pour peindre. 

Mohammed El Amraoui (poète) 










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